Antonin Artaud est né en 1896 et mort en 1948. Ce Français touche-à-tout, acteur, technicien de théâtre, écrivain, essayiste, dessinateur et poète est atteint de maux de tête chroniques depuis l’adolescence. Ceux-ci l’obligent à se médicamenter de plus en plus lourdement et l’amèneront jusqu’aux électrochocs. Si j’évoque la vie de l’auteur de ce livre, c’est que celle-ci aura une nette influence sur la manière dont Artaud comprendra et expliquera Vincent Van Gogh.
J’ai lu ce livre sans le lâcher, du début à la fin. Je me suis replongée dans un voyage à la rencontre de Van Gogh que j’avais effectué en 2002 (visite de l’asile de Saint-Paul de Mausole à Saint-Rémy-de-Provence) et qui s’est continué en 2012 à Auvers-sur-Oise, où l’artiste a été enterré après son suicide, juste à côté de son frère.
Van Gogh, le suicidé de la société a été publié en 1947, quelques mois avant la mort de son auteur. C’est un essai poétique par lequel Antonin Artaud rend hommage à Van Gogh. Artaud est hypersensible et c’est pourquoi il est capable de comprendre le peintre maudit.
Quelques jours avant l’ouverture d’une rétrospective sur Van Gogh à Paris en 1947, le galeriste suggère à Artaud d’écrire un texte sur le peintre. C’est alors qu’il prend le contrepied de la thèse utilisée habituellement pour comprendre le Van Gogh, celle de l’aliénation. Artaud démontre comment la lucidité supérieure de ce peintre gênait les consciences ordinaires, la société en générale même. Sa peinture dérangeait, tout simplement. Il en a été ainsi pour de Nerval, Baudelaire ou encore Poe.
Antonin Artaud fait preuve ici d’une empathie saisissante pour le personnage de Van Gogh. Il nous aide à comprendre en quoi son suicide pourrait être dû à de l’acharnement de médecin (surtout du Dr Cachet) lors de son séjour à Auvers-sur-Oise. S’il peut avancer de telles hypothèses, c’est qu’il comprend le peintre, lui qui a lui-même passé neuf ans dans un asile psychiatrique.
Artaud parle donc merveilleusement bien des œuvres de Van Gogh en se fondant dans l’artiste avec un style pathétique.
Claudine
Quatrième de couverture :
« Je vois à l’heure où j’écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés,
dans un formidable embrasement d’escarbilles d’hyacinthe opaque et d’herbages de lapis-lazuli.
Tout cela, au milieu d’un bombardement comme météorique d’atomes qui se feraient voir grain à grain,
preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait,
par le fait même,
un formidable musicien. »
Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, quelques mois avant sa mort, Antonin Artaud rend au peintre un éblouissant hommage. Non, Van Gogh n’était pas fou, martèle-t-il, ou alors il l’était au sens de cette authentique aliénation dont la société et les psychiatres ne veulent rien savoir. “Mais quelle garantie les aliénés évidents de ce monde ont-ils d’être soignés par d’authentiques vivants?” (Aliénation et magie noire)